« Projet Pegasus » : des journalistes français ciblés

Le « projet Pegasus » : qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit sans doute de l’affaire de cyberespionnage la plus importante depuis le scandale Snowden en 2013. Dimanche 18 juillet 2021, le collectif international de journalistes Forbidden Stories a publié une enquête, fondée sur une liste datée de 2016, qui contient 50 000 numéros de téléphone qui auraient possiblement été la cible du logiciel espion Pegasus, d’où le nom qui est donné à cette affaire : le « projet Pegasus ». Un consortium de 17 médias internationaux se sont serrés les coudes pour enquêter tous ensemble durant plusieurs mois. Bon nombre des propriétaires des numéros de téléphone listés ont pu être identifiés et certains d’entre eux ont accepté de confier leurs téléphones pour expertise. Amnesty International a pu déterminer que sur les 67 smartphones analysés, 37 avaient été infectés par Pegasus.

Ce mouchard invisible est commercialisé par la société israélienne NSO Group officiellement pour infiltrer les smartphones des personnes surveillées en vue de lutter « contre le terrorisme et les crimes ». Une fois installé sur le téléphone, le logiciel espion a accès a tout : aux messages, aux photos, aux localisations, à l’appareil-photo ainsi qu’à toutes les conversations téléphoniques, activer le micro, etc. Toutefois, l’utilisation de ce logiciel est bien trop souvent détournée de son objectif de base…  En effet, de nombreux pays comme le Mexique, l’Inde, la Hongrie le Maroc, les Émirats Arabes Unis ou encore l’Arabie Saoudite, l’utilisent pour cibler des journalistes, des avocats, des juges, des youtubeurs, des politiques, des imams, des prêtres, des militants pour ne citer que ces quelques exemples.

Qu’a-t-on appris grâce au « projet Pegasus » ?

Nous y apprenons avec stupeur que ce ne sont pas moins de 180 journalistes de 20 pays différents qui ont été pris pour cible par les clients de l’entreprise NSO Group. En France, bien que le logiciel ne soit pas utilisé par l’État, plus de 1 000 personnalités auraient été placées sous surveillance pour le compte du gouvernement marocain. Parmi eux, de nombreux journalistes du Monde, du Figaro, de France 2, de France 24, etc. Plusieurs d’entre eux ont pu être formellement identifiés. C’est le cas d’Edwy Plenel, d’Éric Zemmour, de Lénaïg Bredoux, de Dominique Simmonot ou encore de Bruno Delport.

Ce n’est pas tout, le scandale du « Projet Pegasus » met aussi la lumière sur de nombreux meurtres et/ou disparition d’opposants politiques, journalistes, etc. Vous vous souvenez du journaliste saoudien du Washington Post, Jamal Khashoggi, qui a été assassiné le 2 octobre 2018 au consulat d’Arabie Saoudite situé à Istanbul, en Turquie ? De nombreuses personnes liées à l’affaire ou au journaliste ont été placées sur la liste des cibles potentielles : un de ses fils, sa fiancée, son avocat, mais aussi le procureur turc en charge de l’enquête. Parmi les personnes espionnées, Cecilio Pineda Birto, un journaliste indépendant mexicain assassiné en mars 2017 quelques heures à peine après avoir accusé la police et les politiques de sa région d’être de mèche avec les narcotrafiquants du secteur.

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