TotalEnergies refuse d’accélérer les réductions d’émissions de gaz à effet de serre

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Lors d’une assemblée tendue, marquée par la répression policière des manifestations des militants écologistes, le géant pétrolier français a confirmé le 26 mai son plan actuel de réduction des émissions d’ici 2030. Il a également rejeté une résolution présentée par le groupe écologiste Follow This, qui appelait à intensifier les actions pour lutter contre les effets des gaz à effet de serre.

TotalEnergies maintient le cap et soutient sa stratégie climatique, malgré les demandes des militants écologistes et du gouvernement d’Emmanuel Macron d’accélérer les réductions des émissions de gaz à effet de serre.

Tandis qu’à l’extérieur de son siège à Paris, la police française réprimait les manifestants qui tentaient de boycotter l’assemblée générale, les actionnaires du géant pétrolier ont confirmé la résolution du conseil d’administration concernant le volume des émissions de dioxyde de carbone d’ici 2030.

Un pourcentage de 88,86% des votes des assembléistes ont approuvé l’objectif de réduire les émissions « scope 3 » à moins de 400 millions de tonnes de CO2, qui sont celles générées par les produits utilisés par leurs clients. En mars dernier, la société avait relevé l’objectif précédent approuvé en 2022, qui était de 389 millions.

En contrepartie, l’entreprise envisage de consacrer un tiers de ses investissements à des sources d’énergie à faible teneur en carbone et de produire jusqu’à 100 gigawatts d’électricité renouvelable d’ici 2030.

Ces objectifs ne sont pas conformes aux objectifs fixés par l’accord climatique de Paris de 2015, qui vise à limiter le réchauffement climatique à +1,5°C. Cette demande a été soulevée par une résolution alternative, soutenue par l’organisation Follow This, qui regroupe des actionnaires engagés dans la lutte contre la crise climatique.

L’initiative du groupe et de 17 actionnaires détenant 1,5% de TotalEnergies a été rejetée, mais a recueilli 30,44% des votes, un chiffre supérieur aux 17% obtenus par une proposition similaire présentée en 2020.

Le directeur général de Follow This, Mark van Baal, a qualifié le vote de vendredi de « grand résultat et certainement une rébellion des actionnaires ». « Un tiers des investisseurs estime que Total doit réduire ses émissions d’ici 2030 et qu’il ne peut pas se cacher derrière ses clients en prétendant que les émissions ‘scope 3’ ne relèvent pas de la responsabilité de l’entreprise », a-t-il souligné.

Auparavant, le gouvernement français avait également souligné la nécessité pour TotalEnergies de s’engager dans des réductions absolues d’émissions plus importantes d’ici 2030.

Dans des déclarations à ‘France Info’, la ministre française de la Transition Écologique, Agnès Pannier-Runacher, a déclaré que « Total investit dans les énergies renouvelables, mais le défi est d’aller plus vite, plus fort et surtout plus rapidement ».

Dès le début, des dizaines de manifestants ont tenté de pénétrer dans le quartier exclusif de Paris où s’est tenue la réunion, avant d’être évacués. Ensuite, ils ont scandé des slogans tels que « ce que nous voulons, c’est renverser Total » et « un, deux, trois degrés, c’est à Total que nous devons remercier », en référence à l’augmentation des températures causée par l’utilisation des combustibles fossiles.

La réunion des actionnaires était placée sous haute sécurité, avec des barricades, plusieurs véhicules de police et même des panneaux en plexiglas pour séparer la scène du public.

Tout en donnant trois avertissements par haut-parleur, la police a lancé des gaz lacrymogènes contre un groupe d’activistes qui avaient réussi à pénétrer dans la rue devant le siège de la réunion, afin d’empêcher l’arrivée des participants.

Certains manifestants ont été agressés avec du gaz poivre et traînés par les forces de police, qui ont arrêté six personnes. La Société des Journalistes de la chaîne ‘LCI’ a protesté parce qu’une de ses camerawomen a été « violemment poussée et ensuite jetée au sol par le personnel de sécurité ».

« Nous ne les laisserons pas partir », a promis Marie Cohuet, porte-parole de l’association Alternatiba, qui estime que TotalEnergies « incarne le pire de ce qui se fait en termes d’exploitation des populations et de la planète ». Des organisations telles que Greenpeace, les Amis de la Terre ou Extinction Rebellion ont participé à la tentative de blocage.

Cette action est la dernière d’une série de manifestations organisées lors des assemblées générales d’autres entreprises, notamment les compagnies pétrolières Shell et BP ou la banque Barclays, accusée de financer l’expansion de projets gaziers et pétroliers.

Ces assemblées se déroulent dans un contexte de bénéfices énormes pour ces entreprises : BP, Shell, ExxonMobil, Chevron et TotalEnergies ont réalisé des bénéfices de plus de 40 milliards de dollars rien qu’au premier trimestre de cette année, suivant ainsi la tendance d’une très bonne année 2022. Cependant, cela ne se traduit pas de manière proportionnelle par des investissements contribuant à sauver la planète.

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